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L'avenir de la France insoumise -3-

Quelques éléments de réflexions dans cette période compliquée...
Texte bien incomplet et sommaire....

 

1) D'abord penser à définir la période. Définir en fonction des rapports de classes et non de présupposés idéologiques.

Déjà, employer le terme de droite et de gauche me parait assez imprécis. Cela cache la contradiction fondamentale entre exploitants et exploités, entre ceux qui prospèrent sur l'exploitation de la force de travail de l'immense majorité de la population : 80% au moins de salariés, de producteurs de richesse, de ceux qui sont contraints de vendre leur force de travail.
Il faudrait aussi définir les classes intermédiaires, petite et moyenne bourgeoisie dont les intérêts oscillent entre possédants et possédés. 3 à 4 % de la population profitent du système et vivent de l'exploitation des autres.
Sans parler de ce que Lénine définissait comme "l'aristocratie ouvrière", ceux qui sont "achetés" par les financiers et le grand patronat grâce aux bénéfices de l'exploitation des autres et surtout des échanges inégaux entre les pays "riches" et les pays "pauvres" et à économie dépendante....

 

2) Cette minorité de possédants et de financiers a pu prospérer pour plusieurs raisons :

             a) Le "compromis historique" entre de Gaulle et l'appareil stalinien en 1944 a permis certes des avancées sociales (il fallait bien acheter les appareils du PC et de la SFIO), mais surtout a permis de sauvegarder l'essentiel du système d'exploitation et de remettre en selle la grande bourgeoisie largement compromise dans la collaboration avec l'occupant nazi et le régime de Vichy.

               b) l'intégration des syndicats de plus en plus forte dans l'appareil d'état, combiné avec la division syndicale.C'est ainsi que le mot d'ordre de Maurice THOREZ : produire d'abord organise une mobilisation extraordinaire de la classe ouvrière pour reconstruire l'appareil productif français....Pour le plus grand intérêt des capitalistes...

                c) l'acceptation par les appareils réformistes du plan Marshal, c'est à dire l'intégration de l'économie française et européenne dans le système de domination du capital financier américain : programmation de la fin de la paysannerie française, intégration de l'industrie et de la finance à l'ordre américain...

Dans ces conditions, la IVème république, coincée entre les aspirations des travailleurs qui ont supporté le gros des destructions et de la reconstruction (voir les résultats électoraux avec la montée du PC à 25% des voix), le rôle de de Gaulle qui met la pression pour un "régime fort", les guerres coloniales qui pèsent durement sur l'économie, est en crise permanente. Instabilité ministérielle, grèves (1948,1953) voire mème insurrections de la jeunesse en 1956 contre la conscription due à la guerre d'Algérie....Appuyé sur les factieux d'Algérie, de Gaulle mène son coup d'Etat de 1958, prend le pouvoir et impose la constitution bonapartiste de 1958 : la grande bourgeoisie applaudit des deux mains et l'appareil socialiste capitule devant le coups de force.
La Veme République représente le début de la contre offensive bourgeoise contre les acquis de 1936 et 1946 : de Gaulle sort la France de l'ornière coloniale, entreprend la "modernisation" de l'économie, lance les premières attaques contre la sécurité sociale : les ordonnances de 1967, les premières atteintes à la parité de la gestion des œuvres sociales etc...
La crise de 1968 qui voit plus de dix millions de travailleurs en grève générale, grève trahie par les appareils syndicaux, de Gaulle n'a plus la confiance du capital financier, il démissionne et deux tentatives de redresser l'appareil mafio-gauliste avec Pompidou en 1969 et Giscard en 1974 ne suffisent pas à enrayer la crise de la direction bourgeoise. Dans ces cas la, faute d'une alternative fasciste, on tente la gestion de la crise par la "gauche" : c'est l'expérience Mitterrand. S'en suivent les diverses variantes de l'alternance gaullistes/ socialistes....

 

3) Force est de constater que les deux dernières expériences : Sarkozy et Hollande aboutissent à une impasse. Les masses refusent les réformes anti travailleurs qui passent au compte goutte, ni les "républicains" ni les "socialistes" n'arrivent à endiguer le chômage, la crise, le mécontentement général de la population.

C'est là que se pose l'épisode Macron. La bourgeoisie n'est pas prête à une expérience fasciste : trop risquée. Macron est là, avec des mots d'ordre "populaires" : ni droite ni gauche, appel aux "spécialistes", en finir avec les partis compromis dans la gestion de la crise....En sous main il s'agit de lancer une politique de "modernisation" de soumission à l'"Europe financière" : réformer la loi travail, atteinte la sécurité sociale, réformer dans le sens "Blair" et Obama"...

 

4) On se trouve dans une situation nouvelle : le "dégagisme", assez populaire auprès d'une partie de la population, mais force est de constater qu'avec des abstentions record, la montée du Front National, les résultats de la France insoumise, une grande majorité de la population et surtout les milieux populaires n'adhèrent pas à ce projet.

Mais c'est vrai que les résultats de la FI aux élections législatives ne sont pas à la hauteur des attentes. Cela demande réflexion.

- le cadre bonapartiste et pourri des élections présidentielles ont contraint Mélenchon à une politique "personnelle", a mettre en veilleuse le Parti de Gauche, à faire cavalier seul, donc à ne pas chercher une dynamique unitaire qui aurait été plus mobilisatrice....

- le programme de la FI : au point de vue économique, rien de très précis et recours aux solutions dites "Keynesiennes". Or cela avait été tenté en 1981 avec Mitterrand : nationalisation des banques et de la grande industrie, politique de relance par les hausses de salaire...Manque de pot cette politique a échouée parce que en grande partie le cadre de la nouvelle économie mondiale et de l'Union européenne ne permettent plus ces solutions. L'économie française est tellement imbriquée dans l'Europe et la finance internationale que le déficit commercial a fait un bond et que la monnaie s'est dépréciée....

- en fait il faudrait se mettre vraiment à l'écoute des attentes et aspirations des travailleurs.
Il faudrait une vaste campagne pour regonfler les espoirs qui buttent sur les mêmes arguments : l'échec de l'Union Soviétique, de la bureaucratisation, l'échec de la décolonisation qui s'est traduite par des dictatures sanglantes et la montée de l'islamisme, la division caricaturale du mouvement ouvrier français....

Réfléchir sur la Commune de Paris, sur la révolution russe et le "pouvoir aux soviets", sur les expériences de la révolution espagnole, sur le Chiappas ou le Kurdistan pour chercher à expliquer et à convaincre qu'il existe d'autres possibilités de prise en charge par les travailleurs (et les chômeurs) de leurs intérêts sans faire confiance ni aux bourgeois ni aux technocrates....

Vaste programme....

Pierrot

 

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